Les Hautes Alpes en chiffres.
Numéro minéralogique des Hautes Alpes : 05
La principale activité économique du département est le tourisme. Les Hautes Alpes sont un vaste territoire naturel préservé qui attire les vacanciers aimant le calme, les grands espaces.
Les Hautes-Alpes sont entourées par les départements des Alpes-de-Haute-Provence (04), de la Drôme (26), de l’Isère (38) et de la Savoie (73) ainsi que par l’Italie.
On y trouve la commune la plus haute d’Europe, Saint-Véran, village situé à 2 042 m d’altitude. De plus, Gap est la préfecture la plus élevée de France, et Briançon la ville la plus élevée.
Principaux cours d’eau: la Durance, le Drac, le Buëch, la Clarée, le Guil, la Séveraisse, la Haute-Romanche.
Superficie : 5632 km2.
129 248 habitants en 2005. Densité de 22 habitants au km2.
Préfecture : Gap, 40 000 habitants. Sous prefecture : Briançon, 11 000 habitants.
Un tiers du département est situé au dessus de 2000 m. d’altitude.
Un parc national (les Écrins) de 91 800 hectares dont 57 900 sont situés dans les Hautes Alpes.
Un parc naturel régional (le Queyras) de 65 000 hectares, entièrement situé dans les Hautes Alpes.
2505 heures de soleil par an en moyenne, c’est à dire 57,2 % des heures potentielles. Pour comparer, la ville la plus ensoleillée de France est Toulon avec 2899 heures par an (soit 66%), Paris est à 1797 heures (soit 40%).
2000 km de cours d’eau dont 500 km de rivières navigables. Le lac de Serre Ponçon, plus grand barrage en terre d’Europe, 3000 hectares.
31 domaines skiables et 21 sites de randonnées nordiques.
29 sites de décollage parapente et deltaplane. 4 aérodromes, premier centre Européen de parachutisme.
158 monuments historiques.
(Sources Conseil général des Hautes Alpes).
L’Historique de la limite du département des hautes Alpes. Rencontre avec Ian Cowburn.
Les départements français ont été créés le 4 janvier 1790 par l’ Assemblée constituante pour remplacer les provinces nuisibles à l’ homogénéité de la Nation. Dans un souci de rationalité, les départements reçurent une architecture semblable : une portion de territoire suffisamment petite pour être gérée facilement par un chef-lieu. La taille de ces départements était fixée de façon telle qu’ il devait être possible de se rendre en moins d’une journée de cheval au chef-lieu de chacun de ceux-ci depuis n’ importe quel point de leur territoire. Dans la même optique, les départements furent nommés non pas d’ après des critères historiques, pour ne pas rappeler le découpage en provinces de l’ Ancien Régime, mais purement géographiques (noms de rivières, de montagnes, etc.)-source Wikipedia. Voir la page dédiée aux départements sur ce site.
Tout au long de notre arête haut alpine, nous avons côtoyé des frontières et des limites qui parfois nous paraissaient aberrantes. Nous avons rencontré Ian Cowburn, conservateur du patrimoine à l’Argentière – la – Bessée, afin de percer les mystères historiques qui ont conduit au découpage actuel. Nous avons d’ abord découvert que le découpage selon les lignes de partage des eaux, aux « eaux pendantes », n’est pas logique ; le découpage antérieur a plus été un découpage culturel, de territoires naturels. Les sommets des montagnes, les rivières, unissaient plus les peuples qu ‘ils ne les séparaient : les montagnes comme lieux d’estives, d’ échanges au travers des cols, les rivières comme chemins de vallées. Au contraire la sortie d’ une vallée et son débouché sur la plaine constituait une rupture dans le mode de vie, dans la culture, et constituait donc une frontière. La combe de Malaval, en aval de La Grave, était un obstacle naturel beaucoup plus important que le col de Montgenevre.
Nous partons donc du Col du Galibier selon le trajet de l’ arête, vers l’ est, afin de passer au peigne fin la limite du département des Hautes – Alpes.
Du Pic des Trois Évêchés à la Roche du Chardonnet, au col de Névache précisément, dans le massif des Cerces, la frontière actuelle est la seule du département à n’ avoir pas évolué depuis l’ an 536 après JC. Cette frontière date de la partition du territoire entre les fils de Clovis. Cette frontière a ultérieurement été matérialisée au 17° siècle par des bornes de pierre, portant d’ un coté la fleur de lys du royaume de France, de l’ autre la Croix de la Savoie.
Une première surprise peut interpeller le voyageur qui traverse le nord – est du département, c’ est l’ enclave de la Vallée Étroite (Valle Stretta). Cette aire géographique que tout rattache à Bardonnecchia est en territoire français suite au traité de Paris, en 1947. Il faut savoir que jus qu’en 1713, le Dauphiné s’ étend jusqu’au Suse (Suza) en direction de Turin. L’ unité culturelle va alors du Haut Oisans à Chorges, jusquà la basse vallée de Suse coté Italie. Il n’y a donc pas de frontière sur les crêtes. L’ influence transalpine se retrouve dans de nombreux patronymes locaux, comme à Névache, « Nevasca », et même Manosque, bien plus au sud ; les suffixes « asque » ou « osque » viennent du ligure et sont vieux de trois mille ans.
La Vallée Étroite est l’ un des derniers témoins de cette unité. En 1713, Louis XIV, par ses « agressions répétées et gourmandes » (dixit Ian Cowburn) perd plutôt du territoire qu’ il n’ en acquiert, et cède la vallée de Suse et ses affluents au profit des Savoyards, qui par un mouvement tournant remontent du Comté de Nice sur lequel ils ont mis la main. Les Savoyards veulent « fermer » l’accés au Montgenèvre, et privilégier le Col du Mont Cenis qui à regard sur leurs terres. La frontière devient alors calquée sur la ligne de partage des eaux, selon les limites de l’Escarton de Oulx. Le général de Gaulle tente de récupérer après guerre cet Escarton de Oulx, et par un référendum la population de la vallée de Suse émet le souhait de voir son territoire rattaché à la France. Mais les Américains vont pousser les Français au dehors, de Gaulle doit se satisfaire de terrains purement « militaires », stratégiques, et la France acquiert en 1947 une parcelle au sud du Col du Mont Cenis, la Vallée Étroite et le versant italien du Chaberton. Les troupes françaises font une erreur en quittant les lieux, ils laissent des traces compromettantes laissant deviner qui a dit oui au rattachement à la France créant prétexteà quelques frictions entre locaux…Les propriétaires de terrains, d’ alpages, d’estives en Vallée Étroite sont tous restés italiens, il n’y a eu aucune expropriation ni modification de cadastre. Le droit privé est italien, le droit public est français en Vallée Étroite..
Plus au sud, juste au nord de Montgenevre, se tient la citadelle du Mont Chaberton. Citadelle est un mot illustrant bien cette situation stratégique qu’ occupe la montagne. Afin d’ ôter la domination de Briançon aux italiens, le Chaberton devient entièrement français lors de ce traité de Paris de 1947.
Sous le Chaberton, le hameau de Clavière dépend de Montgenèvre jusqu’en 1713. Les Savoyards arrivent et la frontière est établie au col géographique, matérialisée par l’ actuel obélisque de la station de ski. Cette zone, où la frontière va osciller encore maintes fois, est une bonne illustration de l’ unité culturelle qui liait les deux vallées, La Durance au sud ouest et la Doire à l’ est. Les sources de deux cours d’ eau sont très proches et assimilées par les locaux, ainsi en atteste les noms « Durance » et « Doire », issus des mêmes racines linguistiques. En 1947, la frontière quitte le col géographique pour s’ installer au milieu de l’ actuel village de Clavière, au niveau de l’ église. Ce qui était un frein au développement du village avec l’ essor des sports d’ hiver, car une gorge rocheuse interdit l’ extension des constructions en aval; la France cède donc du territoire à l’ Italie en 1955, et la station de Clavière s’etend pour acquérir sa configuration actuelle. Ce Montgenèvre à la riche histoire était déjà un lieu de passage majeur à l’ époque romaine; ceux-ci avait établi dans les sagnes, sources des rivières un temple « ad Matrones », aux mères des rivières, en hommage à la Doire et à la Durance. Il y a toujours eu des passeurs de cols qui aidaient, contre rémunération, les voyageurs et marchands à franchir la montagne. Au moyen-âge ils étaient appelés « marrones », nom d’ origine latine, qui a été dérivé en français en « marrons », les trop payés. Les esclaves du sud de la Provence, du Pays d’Aix et de Valensole, se sont réfugiés en montagne du Mercantour au Montgenevre après le déclin romain et ont été assimilés aux « marrones ». Par extension, ce nom des « marrons » a suivi le destin des esclaves affranchis aux Antilles, en Guyane, aux Caraïbes, et cette dénomination se retrouve là – bas dans « cimarrones » en espagnol, « cimarroons » en anglais (Jamaïque)…
Loin de partager les hommes, les montagnes les unissaient donc, comme en témoignent les nombreux « passages »; en restent des manifestations contemporaines comme le rassemblement du Col Lacroix (Ristolas) unissant les protestants des deux vallées, l’ une queyrassine, l’ autre piemontaise. La Traversette, un peu plus en amont dans le haut Guil, était située sur la route du sel, route enrichi d’ un tunnel, le fameux tunnel de la Traversette, au 15° siècle. Saluzzo, coté Piemont, était alors française et isolée du reste de l’ Italie par les Savoyards.
Le Mont Viso, phare des Alpes du Sud, faisait frontière d’Escarton, le plus au sud étant l’escarton de Casteldelfino, rattaché au Grand Escarton de Briançon jusqu’en 1713. Sa limite en aval est matérialisée par le village de Confine. Cette vallée est aujourd’hui moins proche du Briançonnais car à proximité de Cunéo.
En poursuivant notre périple, nos pas nous ont guidés sur l’ arête qui sépare l’Ubaye au sud, du Queyras au nord. L’Ubaye est devenu savoyarde en 1373, après avoir été aragonaise (Barcelonette -1242- est la petite Barcelone). Les Savoyards ont logiquement voulu rattacher cette vallée à leur territoire car le franchissement du col de Larche était aisé pour se rapprocher de Cunéo, alors que l’accés par l’ aval au travers des gorges du Lauzet protégeaitefficacement la vallée.
C’ est en 1713 que l’Ubaye revient à la France, les Hautes Alpes étant dauphinoises et l’Ubaye provençale. Ce sont les Savoyards qui ont empêché le rattachement de l’Ubaye au Dauphiné.
Plus en aval, alors que la rivière Ubaye s’ est jetée dans la Durance qui fait l’ actuelle frontière avec les Alpes de Haute Provence, trois enclaves témoignent d’ un découpage issu de la féodalité.
Au village de « Lettret » notamment, proche de Tallard; la voie romaine passait en cet endroit, Lettret étant dérivé du mot latin « strata », « route », ou « street », en anglais, la voie pavée.
Les territoires au sud de Gap étaient dauphinois, dépendant du diocèse de Gap, et ceci jusqu’à la révolution. Mison était une forteresse de « brigands », alliés aux « marrons » (voir plus haut); le baron de Mison s’ était allié avec les pirates berbères du Freyssinet (Var) et certains évêques provençaux, proches de la Catalogne, du Languedoc, de la culture occitane, se marginalisant du Dauphiné, des cultures du nord et des Bourguignons, alliés pour leur part à l’ église des Chartreux et des Templiers.
Le sud du département, le Buêch, le Rosanais, est découpé de façon très arbitraire de nos jours, sans réelle logique, de Mison au Col de Cabre. Cette limite scinde un gros fief, dit des Mévouillons (voir ce village, dans la Drôme). Les Mévouillons ont saisi une bonne occasion de s’ allier aux Bourguignons en 988 après JC. Cette alliance fut récompensée par la donation de territoires à ces Mevouillons, qui était alors rivaux des Misons. Les Mévouillons règnent alors de Vaison la Romaine (ouest) au confluent Méouge-Buêch (est), et de la Motte Chalancon (nord) à Sault (sud). Lors de la montée en puissance du Dauphin de France, vers la fin du 13 ° siècle, celui ci récupère des terres mais n’ arrive pas à mettre la main sur l’ ensemble de la région; la partition actuelle témoigne de l’ avancée extrême du Dauphin dans sa reconquête de territoire, en 1277. Ce territoire des Mévouillons à également longtemps été un noyau dur du protestantisme, et à du subir au long des âges des nombreuses persécutions et engendré nombre de martyrs.
Au col de Cabre nous retrouvons dans notre marche la frontière climatique entre le nord et le sud, méditerranéenne / continentale, quittée dans le massif des Cerces. A ce même col de Cabre transite une voie de passage séculaire connue déjà du temps des romains pour rejoindre la vallée du Rhône, Die étant alors une grande station romaine. Il se retrouve même au sud du Col de Cabre un témoignage d’ un occupation de grotte à but religieux contemporaine des Gaulois à « La Beaume » (beaume, baume = grotte).
Les crêtes nous ont ensuite amené à traverser le Buëch, longeant l’ enclave dromoise de Lus – la – Croix – Haute. Cette enclave est liée au pays de Saint Julien – en – Beauchène, et la chartreuse de Durbon. Le pays était propriété des Chartreux, ordre religieux voué à la recherche de « l’ oeuvre de Dieu au fond de la forêt ». Les Chartreux ont donc une vie vouée au defrichage (essartage, d’ou les noms de lieux dit « les Essarts »). Les Chartreux savent également utiliser la géologie calcaire, karstique, pour l’ exploitation du fer : en effet, on trouve dans les karsts de l’hématite, un oxyde de fer, dont les Chartreux extraient le fer, le forge, produisant du fer en barre, et ceci jusqu’à la révolution industrielle des années 1820. Il y avait beaucoup de fer dans la région de la Croix Haute…L’ordre des Templiers est très lié aux Chartreux. De fait, la Chartreuse de Durbon est riche, sur une voie de passage, et une moitié du territoire est léguée aux Templiers qui s’ installentà la Croix Haute; à leur chute, cette propriété des Templiers revient au Roi de France, créant cette enclave dromoise en pays haut – alpin.
Par la suite, nos arêtes redeviennent frontière naturelle dans le Dévoluy qui est rattaché au Gapençais. Bien que l’ eau coule vers le nord, le Dévoluy est plus ouvert au sud, les gorges de la Souloise restant longtemps infranchissables (il nous faudra un vol en parapente et une ouverture en escalade pour les franchir). C’ est une des seules et uniques frontières qui n’ ait pas évolué depuis la nuit des temps.
Aprèsle lac du Sautet, qui est un lac artificiel (Corps), nous plongeons vers le Valgaudemar. Ce « Gondomar » est un Burgonde du 6° siècle après JC. Attila expulse les Burgondes d’ Allemagne et ils deviennent mercenaires pour le compte des Romains, qui leur donneront la « Sabaudia » ou « Sapaudia » (pays des sapins), la Savoie. Ils éclatent vers Dijon, la Franche Comté, Auxerre, Orléans, le Nivernais, l’Auvergne, le Lyonnais, le Vivarais (ce qui explique le rattachement actuel de l’Ardèche à la région Rhône – Alpes). Leur expansion vient buter sur les Goths dans les actuelles Baronnies et en Avignon. Les Burgondes acquièrent également le Valais et la Val d’Aoste (la langue française parlée dans ce deux régions remonte à ces conquêtes burgondes). Clovis (466-511) jette son dévolu sur le royaume burgonde et stoppe leur expansion au cours de la bataille de Dijon vers l’an 500. Le Francs jettent leur dévolu sur le royaume burgonde en 530, mais ne récupèrent pas tout les territoires : la conquête des montagnes est difficile, le roi Gondomar vaincu recule vers le sud et se subordonne aux Goths qui sont en Provence, contenant les Francs. Les Burgondes investissent l’actuel Valgaudemar – Champsaur, le Briançonnais, le Val d’Aoste et le Valais, réussissantà garder ces possessions une vingtaine d’ années. De ce fait, cette zone montagneuse au bassin versant dans l’Isère (Drac, Severaisse) est assimilé au sud, même du temps du Dauphin, et finit dans l’escarcelle des Hautes Alpes gardant la mémoire du roi Gondomar dans sa toponymie, avec une frontière créé par l’histoire de Corps aux Bans, puis l’orographie et le climat voudraient rattacher ces vallées au nord.
Petite aparté concernant la Salette, où une apparition de la vierge en 1846 sanctuarise le lieu : c’ està ce jour le seul lieu de culte générer suite à un tel « miracle » pour lequel la « supercherie » a été établie : ont été retrouvés l’ identité de la dame déguisée, les personnes motivant l’ apparition factice, des milieux d’ extrême droite catholisants…mais le business étant ce qu’ il est, le pèlerinage perdure.
Les arêtes sont désormais, et ceci depuis le Valgaudemar, plus aériennes et gagnent le domaine des glaciers. La Barre des Écrins est le plus haut sommet de France jusqu’à l’ annexion de la Savoie en 1859. Des Bans au Pic Gaspard, la frontière est naturelle et non culturelle.
La limite aurait alors pu filer vers le col du Lautaret. La Grave a été rattaché, de tout temps, au Bourg d’Oisans, malgré les gorges de Malaval et de l’Infernet. A la révolution, le découpage a incité le pays de la Grave à se rattacher aux Hautes – Alpes afin de profiter des privilèges des Escartons de l’époque. Mais ce fut un mauvais calcul, le coté Isère étant plus proche de Grenoble, aujourd’hui beaucoup plus riche, et la révolution ayant aboli les privilèges…ils ont peut être été trop malins.
Histoire.
L’implantation définitive de l’Homme dans le département des Hautes-Alpes remonte à 9500 avant J.-C. ; Des traces d’occupation humaine remontant à cette période ont ainsi été retrouvées sur le site de Vitrolles.
A l’âge du bronze entre 2000 et 600 avant J.-C., l’occupation du territoire se généralise ; ont été retrouvées des vestiges de production d’objets de bronze bien conservés (Réallon, Guillestre apr exemple) qui caractérisent la civilisation d’alors, appelée » bel âge du bronze alpin « .
Autour de 400 avant J.-C., des celtes de provenance indo-européenne d’Europe centrale occupent le département. Les celtes et les ligures se partagent alors le territoire.
Au Ve siècle. après J-C., les Alpes subissent les invasions barbares comme le reste de la Gaule dans un empire romain déclinant : Wisigoths, Lombards, Saxons… Les bases fondamentales de la civilisation sont toutefois sauvegardées : instances religieuses et administratives dirigés par les évêques et archevêques de Gap et d’Embrun, relayés pendant quelques décennies par les dignitaires francs de l’administration civile et militaire de Charlemagne.
Le IX siècle voit la religion perdre de son influence et l’administration s’effriter.
Une aristocratie militaire issue de la Provence et de la vallée du Rhône interrompt les invasions musulmannes, instaure un nouvel ordre, et prend possession des territoires. C’est une période de féodalité preparant la création quelques décennies plus tard du Haut-Dauphiné, Hautes-Alpes à venir, sous la tutelle des seigneurs-évêques de Gap et d’Embrun, vassaux de l’Empereur germanique et de la Provence d’une part, et du dauphin de Viennois, seigneur du Briançonnais.
Au cours du XIe s., beaucoup de pèlerins et de croisés empruntent les routes des Alpes pour se rendre en pèlerinage à Rome et en Terre Sainte. La réforme grégorienne et le développement des ordres de Chalais et des Chartreux en Dauphiné donne naissance aux abbayes et prieurés de Durbon, Bertaud et de Boscodon. C’est bientôt aussi le temps de l’hérésie avec Pierre de Bruis et les Pétrobusiens, et Valdo et les vaudois qui trouvent un temps refuge dans les vallées de Vallouise et de Freissinières avant d’y être poursuivis jusqu’à la fin du XVe s. où le roi Louis XI fait cesser toutes persécutions à leur encontre.
L’installation des papes à Avignon au XIVe s. profita à Briançon et à toute la vallée de la Durance, car Mont-Genèvre était le lieu de passage des commerçants et diplomates pour se rendre en Italie. En outre, depuis le » transport » (cession) du Dauphiné par le dauphin Humbert II au royaume de France en 1349, nos vallées formaient la frontière de la France avec le puissant duché de Savoie assis en Piémont. Louis XI Charles VIII, Louis XII, François 1er et Henry II et Louis XIII y séjournèrent, mais le pays souffrit surtout de passages incessants de troupes françaises engagées dans les Guerres d’Italie (XVIe s.), et des invasions des troupes savoyardes. On commença à renforcer les fortifications de Briançon.
Après les ravages causés par quatre décennies de Guerres de religion entre protestants et catholiques où s’illustra le sire des Diguières, futur Lesdiguières, dernier connétable de France, le Haut-Dauphiné est envahi à nouveau en 1692 lors de la ligue contre Louis XIV par les armées du duc de Savoie par la vallée de Barcelonnette. Après la chute d’Embrun au mois d’août, les troupes occupèrent la vallée de la Durance, y causant de notables destructions. Cette invasion décida de renforcer la place forte de Briançon et de créer dès 1692 de toute pièce une citadelle au-dessus de Guillestre, Mont-Dauphin, qui sera bâtie sur les plans de Vauban, afin de contrer toute invasion par le Queyras, l’Ubaye et l’amont de la Durance. Le Briançonnais est aussi marqué par le passage des hommes du protestant Arnaud qui, après la révocation de l’Edit de Nantes, tente de s’allier aux Savoyards contre le roi de France, avant de trouver refuge en Suisse et en Allemagne. La plupart des protestants dauphinois, notamment ceux du Queyras, s’exilent alors ou sont contraints de se convertir.
Au XVIIIè siècle, le Haut-Dauphiné est encore traversé par les troupes lors des guerres de succession d’Espagne, puis d’Autriche. En 1792, à la Révolution, les troupes françaises vont garnir les places fortes à la frontière italienne.
A la fin du XVIIIè siècle, sous bonne garde française, le pape Pie VI traversa, malgré lui, la région et fit étape à Briançon, Savines et Gap avant de mourir à Valence. En 1815 c’est Napoléon 1er qui traverse la vallée du Drac dans sa remontée sur Paris depuis l’île d’Elbe.
Le Haut-Dauphiné devint département des Hautes-Alpes en 1790, avec Gap comme chef-lieu de département au détriment de la capitale religieuse Embrun, mais fut alors plus une terre d’exode qu’un lieu de passage. Le département connu une émigration massive pour des raisons économiques au XIXe siècle, la densité de population devenant trop élevée par rapport à la superficie des terres cultivables et le département ne recelant pas les matières premières ni les infrastructures modernes pour développer une forte industrie qui aurait employé la population sur place. A cela s’ajoute le lourd tribu payé par les populations lors de la Première Guerre mondiale de 1914-1918.
L’économie des Hautes-Alpes
Au début du XIXe siècle, l’agriculture était le premier secteur économique du département ; l’élevage, mais aussi la culture du froment, de la vigne, du chanvre, du lin et de la pomme de terre représentaient l’essentiel de l’activité agricole. A l’extrême fin du XIXe siècle, la forêt et les prés, presque anéantis par le surpâturage des années précédentes regagnent de l’espace sur les pentes des montagnes grâce à l’action du service de Reboisement, puis sur les terres cultivables abandonnées par une population attirée par la ville grâce aux moyens de communication, et lasse de se battre sur des terres régulièrement laminées ou empierrées par des crues torrentielles. L’élevage prédominant au XIXe siècle est le mouton, l’élevage bovin pour sa production de lait et enfin le porc.
Le climat et la faible superficie des terres cultivées a favorisé la double activité des populations rurales qui ont abondamment pratiqué le colportage à échelle nationale et internationale, et ont servi de main-d’œuvre à l’industrie. L’industrie minière du Briançonnais (graphite, anthracite et métaux) et de L’Argentière, les mines métalliques avec l’extraction du plomb, du cuivre et de l’argent qui était exploitées dès l’époque romaine, s’épanouirent de 1850 à 1920 environ.
Note complémentaire de Ian Cowburn, conservateur du patrimoine, l’Argentière la Bessée.
1) L’industrie minière du Briançonnais (graphite, anthracite et métaux) et
de L’Argentière, les mines métalliques avec l’extraction du plomb, du cuivre
et de l’argent qui était exploitées dès l’époque romaine, s’épanouirent
de 1850 à 1920 environ.
Les mines du Fournel à L’Argentière concernent l’exploitation du plomb
argentifère. Le cuivre n’a jamais été extrait à L’Argentière. Et ces mines
sont exploitées depuis le haut moyen-âge (Xe siècle, analyses C14) ;
l’exploitation romaine relève de la légende du XIXe siècle. La publication
du Conseil Général dont vous avez tiré vos renseignements est erroné sur ce
point, comme sur bien d’autres.
2) l’industrie hydro-électrique dans l’Argentièrois, et surtout à
Serre-Ponçon avec l’édification du plus grand barrage de terre d’Europe sur
la Durance en 1960, complètent le tableau industriel des vallées
haut-alpines. On pourrait rajouter la seule usine de taille industrielle du département, à
L’Argentière, l’électrolyse d’aluminium (AFC, plus tard, Péchiney), liée
justement à la centrale de production hydo-électrique.
En outre, à Briançon, l’industrie de la Schappe (peignage et filature des déchets de soie) continua la tradition ouvrière instaurée au XVIIIe s. par Caire-Morand qui établit une facture de taille de cristal. La Schappe fut l’usine la plus importante du département au XIXe siècle avant de fermer en 1933. La fabrication de draps, de rubans et de chaussures dans l’Embrunais et l’industrie du bois et de la terre cuite dans le Gapençais, l’industrie hydro-électrique dans l’Argentièrois, et surtout à Serre-Ponçon avec l’édification du plus grand barrage de terre d’Europe sur la Durance en 1960, complètent le tableau industriel des vallées haut-alpines.
Dans les années 70 ce sont les entreprises du bâtiment qui étaient le plus représentées dans le département grâce au tourisme et au développement des stations de ski.
Le tourisme devient au cours du XXe siècle la principale activité économique, avec l’arrivée du ski en 1900 à Montgenèvre lancé par les chasseurs alpins de Briançon et en 1907 les premières compétitions internationales. Le premier téléphérique fut construit à Chantemerle en 1941.
Au début du XXe siècle le climatisme se développe à Briançon et la construction du lac de Serre-Ponçon en 1960 permet de développer le tourisme estival.
(source conseil général des Hautes Alpes, sauf en italique, Ian Cowburn).
Tourisme dans les Hautes Alpes (non exhaustif !).
Ski alpin.
Les Hautes-Alpes diposent de domaines skiables de moyenne et grande taille, tels que Serre Chevalier avec un domaine alpin de 250 km ou Vars, Risoul, Montgenèvre, Puy-Saint-Vincent, Les Orres, Orcières-Merlette, SuperDévoluy et La Joue du Loup, et beaucoup d’autres de taille plus modeste réduite à un ou plusieurs villages, pleine de charme et de caractère (Céüze, Réallon, Ancelle, Chaillol, Laye, Crevoux, Pelvoux…). Sans oublier l’espace du Queyras, constitué de nombreux petits pôles d’activités en ski alpin créant un vaste réseau de stations familiales.
Ski nordique.
Les centres d’intérêts sont nombreux, dans les stations précitées en alpin, mais également dans d’autres secteurs comme la vallée de la Clarée par exemple.
Ski de montagne.
Les nombreux massifs des Hautes Alpes permettent au skieur de montagne d’exercer sa passion quelques soit sont niveau : Devoluy, Champsaur, Qeuyras, parapaillon, Clarée-Mont Thabor, Ecrins.
Randonnée pédestre.
Avec d’innombrables vallées, vallons, massifs de moyenne montagne aux refuges chaleureux, les Hautes Alpes proposent au randonneur un nombre incalculable d’itinéraires, de la boucle de une heure au chemin de grande randonnée sur plusieurs jours pour les experts.
Parcs naturels.
Le massif des Écrins, avec la vallée de Vallouise ou le Queyras, protégés par leur statut de parc national et de parc naturel régional, sont des sites privilégiés pour l’alpinisme et la randonnée de haute et moyenne montagne. EAU VIVE.
La Durance, principal affluent de la Durance et d’autres torrents offrent de nombreuses possibilités pour les amateurs de rafting ou de kayak.
Vol à voile/Parachutisme.
Les communes de Tallard et Saint-Crépin avec leurs aérodromes attirent les pilotes de vol à voile ainsi que les parachutistes.
Monuments historiques/patrimoine.
On y trouve également quelques sites historiques comme les forteresses de Montdauphin et Briançon, Fort Queyras, des sites archéologiques comme les mines d’argent du Vallon du Fournel à l’Argentière-la-Bessée, des villages de montagne typiques comme Saint-Véran, Névache ou Dormillouse, hameau accessible seulement à pied dans la zone centrale du Parc national des Écrins.