Présentation
La Tour des Jumeaux est un petit édifice à gauche du couloir qui descend à l’ouest des dalles qui bordent la voie « Palavar les Flots » (où se déroule la voie « Sueurs de boucs »). Le nom de ce modeste pointement est un clin d’œil à la progéniture des ouvreurs de « Silence, on ouvre ! » qui ont tous deux l’heureux privilège d’être papas de jumeaux pour l’un, de jumelles pour l’autre.
La voie « Silence, on ouvre ! » a tenté en son temps d’initier une « nouvelle » manière d’ouvrir des voies à Ailefroide. Certes rien n’est inventé, loin s’en faut, c’est faire de neuf avec du vieux !
Ailefroide est un site réputé pour ses voies nombreuses et bien équipées, grâce le plus souvent au remarquable travail de Jean Michel Cambon. Pour rompre avec cette tradition de voies « clés en main », de nombreuses voix suggéraient de revenir à une conception plus « traditionnelle » de l’escalade, en ouvrant des itinéraires moins équipés, nécessitant de compléter la protection par l’usage de coinceurs et friends.
Ce n’est qu’un retour au sources puisque les premières voies dans les années 1960-1970 ont été ouvertes de cette façon ( « la Snoopy » à la paroi de la fissure, « l’arbre dans la forêt » à Palavar), après la première historique de la fissure d’Ailefroide par Lionel Terray (entre autre), ouverte également dans un certain dépouillement.
« Silence, on ouvre ! » a été ouverte du bas, puis nettoyée a posteriori de quelques écailles et blocs dangereux, de quelques mousses nuisibles à la qualité de l’escalade. La première a été effectuée grâce à l’emploi des seuls coinceurs et friends, et la voie est restée en l’état : aucun équipement en place, si ce n’est des cordelettes autour d’arbres ayant eu la bonne idée de pousser en des endroits stratégiques pour servir de relais (cordelettes servant plus d’indicateurs, qui ne peuvent être considérées comme des équipements pérennes, et que l’on prendra soin de vérifier et de compléter par une sangle que vous aurez dans votre panoplie).
Cette voie est du style « montagne », beaucoup de dièdres et de fissures, des terrasses, des zones d’arêtes faciles, et assurément pas d’ambiance à couper le souffle au dessus d’abimes insondables! Mais attention, l’escalade est variée, technique et intéressante, et à coup sûr « ça grimpe ». Quelques belles longueurs à se mettre sous la dent. A noter que la longueur clé, cotée 6a+ après concertation (à confirmer tout de même), est constituée par une fissure que l’on protège correctement avec friends et coinceurs. Un grimpeur débrouillard saura la remonter en artif, de friends en coinceurs, sans trop de problème si la difficulté en libre lui interdit le passage.
Pourquoi ?
Silence on ouvre : Un nom en référence à l’ouverture d’une voie en silence, sans le bruit du perfo qui fore les trous destinés à accueillir les goujons et autres spits.
Première ascension
Jean Luc FIGUIER et Guillaume CHRISTIAN, le 9 octobre 2006.
Données techniques
Difficulté : II/6a+/P2.
Dénivelée : 200 m.
Développement : 260 m.
Approche : 40 minutes.
Descente : A pied.
Orientation : Sud est.
7 longueurs.
Corde : 2×50 m.
Jeu de coinceurs complet. Camalots 0.3 au 2.
Accés
Se garer au parking du Sélé à Ailefroide. Emprunter pendant 50 mètres le sentier du refuge du Sélé ( on dépasse un panneau en bois à droite de l’Office national des forêts), puis prendre à droite une sente marquée, à droite d’un énorme bloc dans la forêt qui est 50 mètres au dessus du sentier du Sélé.
Suivre cette sente marquée pendant 30 minutes dans le bois de mélèzes jusqu’au pied des rochers. Continuer vers la gauche, après 20 mètres vous arrivez au pied de la voie « Palavar les flots ».
Continuer encore 20 mètres le long du rocher, jusqu’à trouver sur le rocher à main droite une croix gravée et peinte verte sur fond blanc et le chiffre « 27 » du même acabit (marquage ONF).
A cet endroit prendre à gauche un sentier (cairns) qui traverse un pierrier sur 50 mètres et s’élève ensuite en lacets dans la pente (cairns, sente marquée, bien respecter le tracé pour ne pas créer des sentes directes favorisant l’érosion de cette zone peu végétalisée). On aperçoit au bout d’un moment un numéro « 28 » gravé dans un gros bloc rocheux (marquage ONF). L’attaque de la voie se trouve 50 mètres au dessus, au point le plus bas de l’éperon (cairn au pied de la voie). 40 minutes du parking du Sélé.
Suivez bien le sentier, à la montée comme à la descente, afin de préserver les sols et de ne pas accélérer l’érosion. Vous faites une activité de pleine nature, respectez là !
Photos
Longueur par longueur
L1 : Démarrer au point le plus bas de l’éperon (cairn). Monter droit puis obliquer quelques mètres à gauche dans un petit dièdre. Monter ensuite droit au dessus dans un zone facile pour arriver sur une terrasse, dominée par une fissure oblique assez large, bien visible pendant la marche d’approche. Ne pas s’engager dans la fissure mais monter en oblique vers la droite en suivant des petites fissures dans une dalle. Rejoindre la fissure large 15 mètres au dessus par une traversée presque horizontale à gauche, et par son fond facile gagner une terrasse avec un gros pin sur la gauche où l’on fait le relais.
L2 : Du relais revenir à droite , monter facilement vers un gros bloc que l’on contourne à droite, se rétablir sur une terrasse. monter droit au dessus jusqu’au sommet du ressaut. Se porter sur la droite du sommet du ressaut et faire un saut pour gagner la terrasse boisée de mélèzes qui suit. Monter droit sur la terrasse pour trouver un bloc pour faire le relais.
L3 : Monter droit vers le ressaut suivant, que l’on attaque directement dans du rocher fracturé. Suivre les lignes de fissures vers la droite sur 10 mètres, puis revenir sur le fil de l’arête. Franchir une brèche par la gauche, puis remonter le fil facile de l’arête jusqu’au relais.
L4 : Traverser franchement à gauche, à l’horizontale, cheminement marqué dans l’herbe, jusqu’au pied d’un dièdre. Gravir ce dièdre bien marqué jusqu’à un mélèze. Relais.
L5 : Au dessus de l’arbre, suivre une fissure fine en oblique à droite et se rétablir sur un replat. Continuer au dessus par la fissure, par la dalle de son flanc gauche après 6 mètres, puis revenir à droite pour monter droit au relais par une zone plus facile. Relais sur un mélèze.
L6 : Du relais traverser 4 mètres à droite vers la base d’un dièdre marqué. Le remonter par son fond. Quand il se redresse sous un bloc proéminent, le quitter vers la gauche. Se rétablir sur le bloc proéminent et reprendre le dièdre. Monter directement, légèrement vers la droite, par des fissures, une dalle puis une fissure à nouveau pour arriver au mélèze du relais.
L7 : Rester à droite du fil de l’éperon dans une dalle pour sortir au sommet, s’avancer 5 mètres sur l’arête pour trouver un bon bloc pour le relais.
Descente
Descendre 2 mètres coté nord et suivre une sente qui ramène à l’arête. Continuer par l’arête, puis son versant sud pour gagner une zone herbeuse. Cette première partie est facile, mais il ne faut pas se prendre les pieds dans le tapis car c’est la glissade incontrôlée dans les aiguilles de mélèzes. Les moins aguerris garderont un peu la corde….
Remonter alors à une petite selle gazonnée et basculer coté Palavar pour traverser en oblique un amphithéâtre herbeux. Traverser une petite zone rocheuse, descendre ensuite dans l’herbe, franchir une barre à gauche par un couloir terreux. Revenir sous la barre vers la droite et par des pentes d’herbe à droite du couloir encombré de pierrailles retrouver le pied de la voie (15 minutes).
Suivre alors le sentier classique de descente du secteur de Palavar, et au niveau d’un gros cairn traverser à gauche (nord) pour retrouver le pied de la voie si vous y avez laissé des affaires; sinon continuer par le chemin de Palavar jusqu’au camping.
* Les cordelettes « en place » ne sont pas des équipements pérennes : elles peuvent disparaitre, elles peuvent également être usées jusqu’à la couenne ! Faites preuve de discernement et d’autonomie.
Avertissement
Attention, malgré tout le soin apporté à la rédaction de ce topo de la voie d’escalade « Silence on ouvre » à Ailefroide, il ne peut-être garanti exempt d’erreurs involontaires. Sachez être responsables sur le terrain.