Trois grandes faces nord ont marqué, et marquent toujours l’histoire des Alpes. Cette trilogie le montre encore.
Ces faces nord sont respectivement :
La face nord de l’Eiger (3970 m.) dans l’Oberland Bernois-Suisse.
La face nord du Cervin (4478 m.) dans les Alpes Valaisannes-Suisse.
La face nord des Grandes Jorasses (4208 m.) dans le massif du Mont Blanc-France.
Ces faces nord ont été gravies pour la première fois dans les années 1930. Puis est venu le temps des ascensions hivernales, en solitaire, des voies directes.
La plus directe de toutes, la directissime, trajet d’une goutte d’eau qui tombe du sommet, est l’aboutissement de la volonté des alpinistes d’ouvrir une voie la plus pure possible.
Chacune de ces faces nord possèdent sa directissime, parfois même plusieurs directissimes. Cela peut-être parce qu’une première directissime était un peu détournée, et qu’une cordée a ensuite rectifié le tracé. Peut-être aussi par surenchère, de directissime en super directissime…
Dod veut gravir ces trois faces nord par leurs plus belles directissimes, ceci restant bien évidemment complètement subjectif; voici son choix.
Eiger :
Directissime Ghilini-Piola. Cette voie ne sort pas au sommet de la montagne mais à sa droite, sur l’arête ouest. Ce n’est donc pas une véritable directissime. Elle remonte par contre la zone de la paroi la plus raide, un pilier vertical, soutenu, et même parfois déversant, ce qui rend la retraite problématique. Dod utilisera des cordes suffisamment longues pour pouvoir redescendre dans la face en dépit des zones surplombantes.
Cervin :
En 1965, Walter Bonatti ouvrait une directe dans la face nord du Cervin en solo. Puis les alpinistes ont tourné leur regard plus à droite, vers un fantastique surplomb: le nez de Zmutt. Les voies émaillant ce nez ne sortent pas exactement à la cime, mais sur l’arête de Zmutt. Mais là également, la zone la plus pure se trouve à droite de l’aplomb du sommet, dans des surplombs complexes. Mais la voie choisie (« Aux amis disparus »), ouverte par Patrick Gabarrou et différents compagnons, franchit directement cette étrave qui n’a pas d’équivalent dans les Alpes.
Grandes Jorasses :
L’histoire est au rendez vous de l’ultime face nord. Ici, la directissime sort exactement au sommet du plus haut point des Grandes Jorasses, la pointe Walker. Dod tentera la voie » Desmaison-Gousseault », ouverte en deux fois, en 1971 et 1973, par René Desmaison et ses compagnons. Lors de la première tentative, en 1971, René Desmaison et Serge Gousseault restèrent bloqués plusieurs jours dans la tempête à 80 mètres sous le sommet avant d’être secourus; malheureusement Serge Gousseault ne survécut pas aux jours de mauvais temps passés dans la paroi.
Aucune des trois voies tentées cet hiver n’a été gravie en solitaire hivernale à ce jour.
Eiger—————————————Cervin—————————————-Grandes Jorasses
Vous pouvez consulter l’historique de chacune des faces nord dans les pages qui leur sont consacrées.
Les Jonctions.
Sans moyen mécanique motorisé !
Les ascensions seront liées entre elles par des jonctions ne faisant appel à aucun moyen mécanique . Dod fera donc la plupart du temps ces parcours en ski de randonnée, moyen de déplacement adapté à la montagne hivernale, accompagné d’amis guides comme lui.
Pour ceux qui sont étrangers à l’activité, le ski de randonnée est une activité qui mêle montée et descente à ski. Avec des skis classiques similaires à ceux utilisés en station, les alpinistes remontent les pentes grâce à des fixations qui libèrent le talon et à des « peaux de phoques » (synthétiques) collées sous les semelles des skis qui ont une fonction anti-recul. Arrivés au sommet, les alpinistes décollent les peaux, verrouillent contre les skis les talons de leurs chaussures et descendent ainsi les pentes enneigées de la même manière que l’on skie en hors pistes. Le tout en domaine skiable non damé, et non sécurisé. Chaque membre de l’équipe sera muni de l’indispensable trio de sécurité du skieur hors pistes, à savoir ARVA, pelle et sonde, en cas d’avalanche. Un ARVA est un petit émetteur-récepteur porté sous les vêtements,et qui sert à retrouver les victimes d’avalanches de manière autonome sans avoir à attendre l’arrivée de secours extérieurs.
Dans la vallée du Rhône (entre Oberland et Valais), où il n’y aura vraisemblablement pas de neige, Dod utilisera le vélo.
Itinéraires :
Depuis le pied de l’Eiger, Dod descendra à l’ouest vers Lauterbrunnen. L’équipe remontera ensuite en direction de la Mutthorn hutte (nuit prévue au refuge). Franchissement ensuite de la Petersgrat et descente en direction de Blatten, pour prendre le vélo là où il ne sera plus possible d’utiliser les skis. Une équipe de soutien sera chargée d’amener le vélo à l’endroit adéquat, et d’y récupérer les skis. Traversée de la vallée du Rhône et montée à Zermatt se feront donc à vélo.
De retour du Cervin, la solution retenue pour aller vers les Grandes Jorasses consiste à franchir en skis le col de Valpelline, le col de l’Evêque, la fenêtre de Durand, le col de Malatra pour descendre à Entreves, en Italie. De là, montée au Col du Géant et descente vers le refuge de Leschaux pour gravir les Grandes Jorasses.
Ce programme reste … un simple programme! La montagne et ses conditions détermineront si l’équipe suit cet itinéraire ou s’adapte…