Le Pelvoux, phare de la Vallouise.
Il apparait dans toute sa splendeur lorsque de l’Argentière la Bessée, par la route, il apparait dans la trouée entre les Têtes et le Montbrison. De la statue de Whymper, il occupe le fond du tableau, occulte presque la sculpture.
A la Batie des Vigneaux, il apparait derrière la chapelle, c’est tout à fait magique. Tous ont cru qu’il était le plus haut sommet du massif, que l’on appelle donc massif du Pelvoux. Le pelve, c’est la gerbe, la meule de foin; sommet massif, élancé tout en étant arrondi, il aura pu s’appeler « le pain de sucre ». Mais le sucre fond, il est fragile, le Pelvoux est de roc, de gneiss et de granit, il en impose. Par son nom, c’est un cousin du Pelvas du Queyras.

Le Pelvoux de la route du col de Vars
première representation connue de la montagne.
« Illustrations of the Passes of the Alps,
Route from Nice to Turin by the Pass of the Col de Tende
(pp. 61-76), tome II »(1827-1829),
W. Brockedon.
Le Pelvoux, concurrent de la Barre des Ecrins
Il cache derrière sa splendeur une cime tout aussi magnifique mais au combien plus discrète, la Pointe des Arsines, La barre des Escreins, enfin comme bon vous semble.
En 1828, lorsque le capitaine Durand part vaillament accompagné de Liotard et Mathéoud vers la cime du Pelvoux, il sait ce qu’il va rencontrer. Depuis des années il arpente la région, et avec le recul il a bien repéré cette « Barre des Ecrins » comme on la nomme de nos jours.
Et faisant taire la légende, il s’élève au Pelvoux, confirme la certitude et s’attache à quantifier la supériorité altitudinale de la Barre en 1830 lors d’une seconde ascension du Pelvoux.
Mais le Pelvoux reste LA montagne du secteur, qui donne son nom au village refugié à ses pieds. Aujourd’hui des centaines de grimpeurs lui chatouillent les orteils; ils grimpent à Ailefroide, mais aussi SUR le Pelvoux. Peut-être feraient-ils bien d’aller lui carresser les cheveux plutôt que de rester à ses pieds. Ils ressentiraient sans doute cette joie mélée d’ivresse qu’ont pu avoir les pionniers.
Le Pelvoux aujourd’hui
Le Pelvoux n’a guère changé depuis 1828. Le glacier du Clot de l’Homme s’est retiré du passage menant à la Bosse de Sialouze, celui des Violettes a perdu de son ventre, et le couloir Coolidge perds de sa blancheur de temps à autres. Un refuge s’est construit à 2700 m. en versant sud, rien d’autre ailleurs. Pour le couloir Chaud, il faut bivouaquer, pour la face nord aussi, ou bien posséder de bons poumons.
Pas de téléphériques, de câbles, de routes. Du caillou, de la glace, de l’herbe, des chamois. C’est très bien ainsi. Ceux qui s’en plaignent ou qui le délaissent passent leur chemin.
Pour aller au Pelvoux aujourd’hui, il faut suivre le chemin du réverend Coolidge et de ses guides Almer père et fils. Le 15 juillet 1881 ils remontent le couloir caché au dessus du glacier de Sialouze, délaissant les Rochers Rouges. L’histoire ne dit pas par où ils sont descendu, mais assurément pas par le glacier des Violettes inauguré en traversée par Passavant guidé par Burgener et Pierre Antoine Reymond, de Bouchier. Mais les Rochers Rouges ne sont pas pour autant oubliés, ils constituent une voie d’ascension sûre et fort commode lorsque le couloir Coolidge est en glace ou disparait laissait place au rochers délités.
Et l’altitude ? Béraldi dans son ouvrage cite 3938 m. pour le signal. La Pointe Durand affiche aujourd’hui 3932 m. Pas si mal. La Pointe Puiseux est donnée aujourd’hui à 3943 m. Il n’en faudrait guère que notre Pelvoux ne soit un sommet de 4000 m ! Mais a t’il besoin de ces artifices asservis à un mètre étalon pour nous imposer son évidence ?
Le Pelvoux, montagne massive et complexe, s’articule autour de quatre sommets : La Pointe Puiseux, 3943 m, La Pointe Durand, 3932 m., le Petit Pelvoux, 3753 m, et les Trois Dents du Pelvoux, 3683 m. Confirmant sa raideur, un seul glacier part des abords du culmen, le glacier du pelvoux, relativement plat, qui s’éffondre en séracs pour devenir le pentu Glacier des Violettes. Une langue glaciaire étroite s’échappe au sud, le Glacier du Clot de l’Homme, et partout ailleurs ce ne sont que parois, rochers et couloirs. La voie normale est etonnament aisée pour une cime si escarpée.

Le « Grand Pelvoux »
par E. Whymper lui-même.
Whymper vient rendre visite au sommet en 1861,
peu avant le Cervin.
Au vingtième siècle vient le temps de l’alpinisme sportif, l’escalade de faces, couloirs et arêtes. En face nord-est l’arête des Violettes en 1935 par J Charignon, JA Morin, G et J Vernet, au nord l’arête de la Momie par P Dalloz et G. Gaillard en 1926 et l’arête nord de la Pointe Puiseux en 1936 par M Fourastier et A Manhés. Entre les deux, la pente centrale de Courtet, Laurent et Souriac en 1953, descente à skis par H Degonon, guide au bureau des guides des Ecrins en 2008.
Plus à l’est, l’exploit c’est le couloir Chaud, de Victor Chaud et Emile Cortial, en 1950. Impressionnant. Anecdote de ce coté ci de la montagne, Berhault et Brizzi qui ouvrent en 1978 une goulotte en face est des trois dents et qui sont emportés par une coulée de neige lourde à quelques metres de la sortie : 800 metres de chute sans dégats majeurs, protégés par la neige de la coulée sans doute, c’est un beau miracle. Entre ces voies de glace, citons la classique arête NNE des trois dents (pas souvent reprise, de fait) et le pilier Kelle, trés esthétique.
Au sud, il nous reste le très élégant itinéraire de l’arête sud du Petit Pelvoux, de G et J Vernet en 1936, et nous aurons fait le tour des belles ascensions du Pelvoux, un peu rapide, car on ne peux oublier le couloir Mettrier, l’arête ouest, les voies directes à la Pointe Puiseux, le triangle de la Momie….
Le Pelvoux, un sommet vraiment incontournable.
Pour Gravir le Pelvoux avec un guide :