Chaque année, avec Michel Colomb, nous faisons une étape de traversée des Alpes à ski. Partis de Innsbruck en 2005, nous faisons notre bonhomme de chemin vers Menton, accompagnés de la famille, d'amis... Ce mois d'avril 2013, étapes de la Thuile dans le Val d'Aoste à Termignon en Maurienne .
Les Journées
Samedi 13 avril 2013
Journée de "mise en place". Notre projet est de faire la jonction La Thuile (Val d'Aoste) - Bardonecchia (Piemonte/Doire Ripaire). Nous rejoignons donc depuis la France la localité de la Thuile en Italie, par la Tarentaise et les pistes de la Rosière. Nous franchissons le Petit Saint Bernard par les remontées mécaniques et nous voici à pied d’œuvre. C'est une des premières journées chaude de l'hiver.
Nous partons à trois, Guy FRANCO, Michel COLOMB et moi-même.
Dimanche 14 avril 2013
Encore plus chaud aujourd'hui. Après tergiversations, nous partons à pied de la Thuile plutôt que d'emprunter les remontées mécaniques, pour rejoindre le fond de la vallée au hameau de La Joux. Nous empruntons alors le chemin d'été, bien enneigé, après avoir un peu cherché le départ de celui dans les dédales de la carte italienne. Il fait vite très chaud et la montée des ressauts le long des différentes cascades n'est pas facile. Cette montée est un réél coupe gorge, à n'entreprendre que par bonne conditions et surtout pas l'après midi ou après une chute de neige importante...Nous sommes contents d'atteindre le plateau au sortir de la forêt avant les grosses chaleurs, et nous contournons par l'ouest le dernier ressaut pour remonter le dernier plateau vers le refuge Deffeyes, non gardé. Le refuge est rustique quoique sain, pas humide. Mais il ne s'y trouve rien si ce n'est trois tables, des bancs, des lits et des couvertures. pas de poêle, pas de couverts. Nous avons le réchaud, et nous récupérons la neige qui fonds du toit, dans une solitude retrouvée après les passages d'hélico dus à la fréquentation du Ruitor par les héliskieurs.
Lundi 15 avril 2013
Testa del Ruitor. Le départ se fait tôt, la journée est longue, la descente en face sud, bref, il ne faut pas trainer. A la frontale nous glissons dans la cuvette au sud du refuge où nous avions fait provision d'eau hier en montant, et mettons les peaux. Nous gagnons le pied du glacier au petit jour; ce glacier est interminable, mais la beauté du paysage et la relative fraicheur nous fait oublier le temps et c'est relativement frais que nous gagnons l'ultime arête qui mène à la vierge qui veille au sommet du Ruitor. La journée est chaude, pas d'hélico au Ruitor, ils sont sous d'autres cieux, plus ombragés peut être. Tant mieux pour nous, nous profitons de ce sommet, calme et serein. La vue porte au Mont Blanc, bien sûr, au Cervin également, mais aussi au Mont Rose, au Grand Combin, et là bas au loin, la Barre des Écrins. Devant nous la Vanoise, prochain massif traversé.
Nous quittons toutefois le sommet du Ruitor sans trop tarder car la descente nous attend, bien ensoleillée. Le départ sous l'ancienne cabane, versant sud est, est bien raide au départ. Suffisamment enneigée, la pente qui avoisine 40° se négocie bien, en neige revenue au soleil. L'inclinaison diminue au bout de 100 mètres environ, mais la neige est plutôt lourde, pas encore pourrie, mais il ne faut pas trainer. Nous gardons nos distances, skions sans trop nous arrêter, croisant quelques coulées monstrueuses tombées visiblement la veille. Ce n'est qu'au refuge degli Angeli, vers 2500 m., où nous basculons versant ouest, que nous trouvons une neige bien dure juste revenue et une tranquillité d'esprit. Il ne fallait pas passer une heure plus tard sous le sommet du Ruitor (nous aurions sans doute changé nos plans).
La suite est agréable mais nous filons toujours car nous savons que le bas sera mauvais, et nous voulons limiter les dégâts pur arriver à Bonne sans avoir à skier dans une soupe jusqu'au genoux. Au hameau de l'Arp vieille, la neige devient vraiment mauvaise, mais heureusement les traces convergent au dessous sur le tracé de la route estivale de l'alpage, et la neige est un peu tassée. Nous glissons jusqu'à Bonne en Valgrisenche grâce à l'enneigement excellent de cette année. Pas de portage !
Mardi 16 avril 2013
Changement de programme aujourd'hui.
Tout d'abord, Guy, qui souffre d'arthrose au genou, nous quitte aujourd'hui, après les deux premières journées difficiles : conversions traumatisantes le premier jour, neige difficile hier.
Ensuite, nous avions envisagé de rejoindre le refuge Benevolo dans le Val di Rhemes aujourd'hui, longue étape. Il fait trop chaud pour faire ce long trajet en sécurité, même en partant très tôt. Nous devions après le refuge Benevolo rejoindre le refuge du Prariond à Val d'Isère. Donc nous ferons aujourd'hui étape au refuge Mario Bezzi, et demain au Lac du Chevril où Francis Maurel, un bon ami, possède un sympathique hôtel. C'est vraiment la première semaine de grosse chaleur depuis le mois d'octobre et les premières neiges, et c'est une donnée à ne pas négliger.
Le départ est de nouveau très matinal, pas de regel dans la vallée, ciel légèrement couvert, il faut rejoindre au plus vite le refuge Mario Bezzi avant que le soleil ne chauffe. La neige est à peine durcie en haut du vallon où les avalanches énormes ont déposé hier des blocs dans tous les sens, et nous poussons la porte du refuge un peu avant 10 heures, la première coulée vient de partir en face sud. Repos.
Mercredi 17 avril 2013
Voici une journée qui commence bien. Ciel clair, dégagé, froid vif. Nous remontons le vallon de nuit, ainsi que le verrou qui barre l'accès au glacier de Vaudet. Sur les douces pentes de celui-ci, le jour puis le soleil se lève sur la Grande Sassière. Au fond se dresse la Becca della traversière qui est notre objectif. Nous en remontons l'arête nord, à skis, puis en crampons. Au sommet une croix nous accueille. La descente de l'arête sud est coté Val di Rhemes en plus raide, très aérienne, très enneigée avec de grosses corniches mais une bonne trace y est présente. Nous quittons les crampons à une épaule, pour rechausser les skis et plonger rapidement vers le vallon du Glacier de Rhèmes-Golette et le lac de la Sassière. C'est la porte d'entrée de la Vanoise. La neige est dure, bien gelée, et c'est un peu la course contre la montre pour ne pas arriver trop tard sous le lac afin de profiter de la glisse versant nord qui nous fera éviter le plat du vallon, sans doute vite chaud. Tout se passe bien, et nous arrivons sans fatigue excessive en vue du Lac du Chevril, et du hameau de la Reculaz. Nous skions jusqu'aux portes de l’hôtel "les Seracs" , où nous passons la nuit. Accueil chaleureux, raclette à volonté, ambiance retrouvailles. C'est ici que Vincent et Aurélie nous retrouvent pour continuer avec nous dés demain.
Jeudi 18 avril 2013
Petite étape. Entorse à l'éthique, Francis Maurel nous conduit en minibus au Fornet au fond de Val d'Isère, où nous devions arriver en descendant du refuge du Prariond. Nous aurons pu nous rendre à pied à Val d'Isère, mais les tunnels en chaussures de ski, ce n'est pas très sympa. Nous empruntons les remontées jusqu'au Col de l'iseran, skions jusqu'au Pont de la neige, où nous chaussons les peaux. Nous gravissons le classique Col des Fours, pour descendre versant ouest dans une très bonne neige au refuge du Fond des Fours. Nous y retrouvons en fin de journée un groupe encadré par Paul Bonhomme, Guide de Haute Montagne, monté depuis la vallée, que nous avions croisé à Britania et Monte Rosa Hütte deux ans plus tôt ! Nous sommes en Vanoise.
Vendredi 19 avril 2013
Le temps doit changer, avec quelques averses de neige dés ce matin. Il fait encore beau quand nous partons, et le lever de soleil est agréable. Le ciel se couvre lors de la dernière montée après avoir franchit le col du Pisset, dans le dernière pente de la Pointe de Méan Martin, exceptionnellement accessible à skis cette année.
Nous ne trainons pas au sommet. cela se gâte rapidement. A la descente nous croisons juste sous le sommet le groupe de Paul Bonhomme, qui évite le sommet pour une petite demi heure de retard. le mauvais arrive vite. Nous évoluons dans le jour blanc mais la neige est bien gelée, donc la descente se passe bien, et sous les premiers flocons et dans le brouillard nous poussons la porte du refuge. Nous y retrouvons un autre ami, Murray Hamilton, Guide de Haute Montagne aux Vigneaux, un voisin pour moi ! Bel accueil ce soir au refuge de la Femma.
Samedi 20 avril 2013
La prévisions météo de hier soir annonçait 40 cm sur la chaine frontière pour cette fin de nuit, puis quelques éclaircies avant le retour du beau pour deux jours. Nous partons donc confiants sous la neige.
Notre objectif initial était la pointe du Grand Vallon, avec descente à Lanslebourg-Mont-Cenis, afin de remonter au relais des deux cols, au col du Mont Cenis. Objectif revu à la baisse avec cette neige tombée dans la nuit, et donc la volonté de descendre un peu la vallée pour remonter au Col de Lanserlia et gagner en traversée Lanslebourg.
Après une petite heure de descente, à tracer dans la neige fraiche, les précipitations ne fléchissent pas, et nous renonçons au col de Lanserlia. La quantité tombée commence à friser les 40/50 cm, et nous tournons la vallée pour rejoindre Termignon via le refuge du Plan du Lac, non gardé. la tempête s'installe, et au refuge du Plan du lac c'est 60 cm qui sont tombés. Nous traçons en relais avec un groupe pour former équipe depuis le refuge de la Femma, et c'est une belle troupe qui file à travers le gros mauvais. Distances de sécurité à la traversée des couloirs, navigation au GPS dans le brouillard, il nous faut aujourd'hui 8 heures 30 pour rejoindre Termignon depuis le refuge de la Femma. Il a neigé jusque dans la vallée. Les avalanches descendent sous la Parrachée. La météo annonce mauvais pendant deux jours encore, au moins; changement... Le raid se termine ici, à Termignon. Il est tombé 60 cm à 2000 m. et au téléphone, Claire, gardienne du refuge de la Femma, nous annonce qu'il n'est pas tombé loin de 1 mètre là haut. Ouf...
Suite l'hiver prochain, vers la mer....

SKIEURS :
- Guy FRANCO
- Michel COLOMB
- Aurélie PERRIN
- Vincent COLOMB
SYNOPSIS :
Val d'Aoste, Italie. Vanoise, Savoie, France.
PHOTOS :